Performance web : la gangrène des domaines tiers

Retours d’expériences

Retours d’expériences

Petit rappel liminaire. Si une page web fait appel à des ressources se trouvant sur des serveurs appartenant à d’autres domaines, ces derniers seront dits domaines tiers (ou third parties). Nous faisons tous les jours appel à ces ressources externes : images, sons, scripts, widgets, boutons de partage, bannières publicitaires, etc. Indispensables à la construction d’une page web, ils sont pourtant souvent sources de contentions et de ralentissements.

Jean-Baptiste Marcé, directeur technique de la société d’amélioration logicielle CloudNetCare, raconte :
« Nous avons été sollicités par un important distributeur de prêt-à-porter en ligne, qui venait d’être confronté à une sérieuse contrariété. Pour la livraison, l’acheteur pouvait sélectionner sur une carte le point-relais le plus proche de son domicile. Or, dès qu’un nombre conséquent d’utilisateurs était connecté, la carte mettait jusqu’à trente secondes à apparaître. Une situation inconcevable du point de vue de l’expérience client. Le prestataire tiers ne pouvant résoudre le problème, les responsables de l’enseigne se sont résolus à désactiver ce service le jour de l’ouverture des soldes. »

Dans d’autres secteurs également, une mauvaise gestion des domaines tiers peut mettre une entreprise dos au mur. Jean-Baptiste Marcé mentionne le cas d’un client des télécoms :
« Pour chaque nouvelle inscription, l’utilisateur devait renseigner son adresse postale. Or, le prestataire chargé de vérifier la saisie mettait une trentaine de secondes à effectuer l’opération. Résultat : l’automatisation a été abandonnée au profit d’un traitement manuel. »

À chaque configuration sa solution

Une telle lenteur peut être causée par une surcharge temporaire du domaine tiers, ou par des serveurs structurellement sous-dimensionnés. Le risque est d’autant plus élevé que certaines pages sollicitent un très grand nombre de domaines tiers différents. CloudNetCare a déjà observé des pages contenant des requêtes vers plus de cent sources externes.

Faut-il attendre que le problème survienne pour s’y préparer ? Non. Mais les deux cas cités plus haut illustrent deux scénarios distincts :

• Dans le premier, la surcharge (pendant les soldes) a mis en lumière un point de faiblesse. Des tests de montée en charge auraient permis d’anticiper le blocage.
• Dans le second, le ralentissement était chronique. Un système de supervision aurait permis de repérer les domaines tiers défaillants, en analysant leur comportement dans le temps.

« Un classement de la rapidité de réponse des third parties est souvent très instructif », rappelle Jean-Baptiste Marcé.

Marketing vs technique : ouvrir le dialogue

Une fois les domaines tiers identifiés comme problématiques, la tentation est grande de supprimer ceux qui ralentissent la page. Mais en pratique, les intérêts des équipes divergent.

Les services marketing veulent enrichir l’expérience utilisateur, suivre les conversions, installer des outils d’analyse, etc. Chaque ajout implique une nouvelle dépendance à un domaine tiers. Or, les impacts sur la performance sont rarement anticipés.

Il est donc essentiel de créer un dialogue entre DSI et marketing :

• Quels outils sont indispensables ?
• Quelles ressources ralentissent significativement le site ?
• Quelles alternatives plus performantes existent ?

Cette discussion permet d’optimiser les performances sans sacrifier les objectifs de conversion ou de suivi.

La rapidité de réponse : enjeu business

Parfois, les objectifs convergent. Une page lente peut provoquer l’abandon d’un panier. Un site trop lent empêche la conversion.

Selon Designing for Performance, les internautes s’attendent à ce qu’une page charge en moins de 2 secondes. Au-delà de 3 secondes, 40 % d’entre eux quittent le site. Pire encore : 85 % des utilisateurs sur mobile exigent un chargement aussi rapide, voire plus rapide que sur desktop.

La solution ? Identifier et maîtriser l’impact des domaines tiers, tester régulièrement les performances, et supprimer les points de friction techniques. C’est un travail de fond, mais un levier majeur pour améliorer l’expérience utilisateur et maximiser la conversion.